Table-ronde de la Société préhistorique française
26-26 janv. 2024 Paris (France)
Au-delà du déterminisme géographique et environnemental, comment envisager les relations à l'environnement des sociétés pré- et protohistorique ?
Laurent Lespez  1  
1 : Laboratoire de géographie physique : Environnements Quaternaires et Actuels
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne - Paris 12, Centre National de la Recherche Scientifique, Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne - Paris 12 : UMR8591, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR8591

Depuis la Théorie des Climats, développée dès l'Antiquité puis formalisée par certains philosophes des Lumières, la tentation de trouver une explication causale de certains faits sociaux qui fait jouer à la nature un rôle primordial ne s'est pas démentie, même si elle s'est transformée. Aujourd'hui encore de nombreuses recherches archéologiques et géoarchéologiques proposent des causes biophysiques et climatiques pour expliquer les transformations de l'organisation du peuplement voire les effondrements civilisationnels des sociétés pré et protohistoriques.
Nous proposons de discuter deux registres mobilisés par ces propositions. D'une part, et d'un point de vue pragmatique, il s'agit de rappeler les nombreuses incertitudes (densité de l'information, temporalités des phénomènes convoqués, etc.) qui demeurent dans bon nombre des schémas explicatifs qui convoquent la nature du milieu biophysique ou les fluctuations du climat. Pour cette réflexion, l'examen de l'impact des changements climatiques rapides en Méditerranée orientale sur les sociétés du Néolithique et de l'âge du Bronze nous servira de guide. D'autre part, et d'un point de vue plus fondamental, les notions même de contraintes et de forçages, en particulier climatique, seront examinées à l'aune d'autres concepts, comme celui d'affordance, ou des approches matérialistes qui intègrent les dimensions sensibles et cognitives. Cela nous conduira à promouvoir des approches relationnelles des rapports entre les sociétés anciennes et leur environnement qui dépassent les causalités trop souvent simplistes et téléologiques qui guident encore trop souvent les raisonnements.

 

Beyond geographical and environmental determinism, how can we look at the relationship between prehistoric and protohistoric societies and their environment?

Ever since the Theory of Climates, developed in Antiquity and then crystallised by certain philosophers of the Enlightenment, the temptation to find a causal explanation for certain social events in which nature plays a primordial role has not waned, even if it has been transformed. Even today, numerous archaeological and geoarchaeological studies propose biophysical and climatic causes to explain the transformations in the organisation of settlements and even the collapses of prehistoric and protohistoric civilisations. We propose to discuss two aspects of these proposals. On the one hand, and from a pragmatic point of view, we need to remind ourselves of the many uncertainties (density of information, temporality of the phenomena invoked, etc.) in the explanations that invoke the nature of the biophysical environment or climate fluctuations. The impact of rapid climatic change in the eastern Mediterranean on Neolithic and Bronze Age societies will serve as a guide for this reflection. On the other hand, and from a more fundamental point of view, the very notions of constraints and forces, in particular climatic ones, will be examined in the light of other concepts, such as affordance, or materialist approaches that integrate sensitive and cognitive dimensions. This will lead us to foster relations-based approaches to the links between ancient societies and their environment that go beyond the all-too-often simplistic and teleological causalities that still too often guide our reasoning.


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