Les phénomènes « de transition » (qu'ils soient écologiques ou, par ex., « de genre ») dont il est principalement question dans nos actualités contemporaines correspondent à la projection volontariste dans un temps maîtrisé d'une situation A vers une situation B, laquelle pourra potentiellement être évaluée en termes de réussite ou d'échec. Il n'est pas interdit de penser que les réalisations de projets ponctuels aient pu être pensés de la sorte dans un passé ancien (par exemple, pour la construction d'un monument) ; mais, peut-être, sans affecter les « fondamentaux » d'une société entière, en prenant le risque d'un réel « effondrement ». Par ailleurs, une présentation de la sorte engage une certaine conception du « libre arbitre », sinon d'une « rationalité », selon laquelle les agents sont en mesure de faire des choix adaptés dans une liste informée d'alternatives – religieuses comprises. Le concept de transition s'emploie également pour envisager trois choses différentes : soit une forme de continuité, quand elle peut être suggérée par des relations et des processus (entre humains et non humains), soit, au contraire, de discontinuité, quand ces liens semblent disparaître, ou encore, lorsque subsiste un certain vague, parfois dû au manque d'informations du chercheur. Dans les cas bien documentés, il est possible d'interpréter les transitions en termes de causalité, en prenant le soin d'une approche multifactorielle. Ces questions sont isomorphes à notre manière de couper la (pré)Histoire en tranches, et donc à des questions d'identité collective. Parties et sous-parties temporelles sont parfois envisagées à partir une scansion de manifestations qui empruntent leurs dénominations au domaine de la maladie (crise, résilience).
Des éclairages seront présentés dans le domaine de la Protohistoire, pour les âges des métaux du Midi de la France, ou encore chez les Hittites, à propos desquels une explication alternative vient d'être retenue en lien avec l'évolution du milieu naturel.
Processes, transitions, crises: what concepts are needed to understand the future of ancient societies?
The phenomena of "transition" (be they ecological or, for example, "gender") present in today's world can be defined as the deliberate projection over a controlled time period of a situation A towards a situation B that can potentially be evaluated in terms of success or failure. It is not beyond the bounds of possibility that one-off projects might have been thought of in this way in the distant past (for example, the construction of a monument), but perhaps without affecting the 'fundamentals' of an entire society, and running the risk of a real 'collapse'. Moreover, a presentation of this kind implies a certain conception of "free will", if not "rationality", according to which agents are able to make appropriate choices from an informed list of alternatives - including religious ones. The concept of transition is also used to illustrate three different things: either some form of continuity, when it can be suggested by relationships and processes (between humans and non-humans), or, on the contrary, discontinuity, when these links seem to disappear, or when a certain vagueness remains, sometimes due to the researcher's lack of information. In well-documented cases, it is possible to interpret transitions in terms of causality, taking care to adopt a multifactorial approach. These questions are isomorphic to our way of dividing up (pre)History, and therefore to questions of collective identity. Temporal parts and sub-parts are used when describing a series of events that borrow their names from the field of medicine (crisis, resilience). We aim to provide insight into Late prehistoric contexts, for the metal ages of southern France, or the Hittites, for whom an alternative explanation has recently been put forward in relation to the changes observed in their natural environment.